Les lotissements pavillonnaires, symboles d’une tranquillité suburbaine, sont au centre d’une mutation. BIMBY, favorisant la densification de ces quartiers, s’affirme comme une tendance forte de l’aménagement urbain. Pour autant, si ses avantages sont indéniables, cette approche soulève aussi des enjeux et des défis. Éclairage sur ce mouvement à double tranchant.
Sommaire
Définition de BIMBY
BIMBY, acronyme de « Build In My Back Yard », est une approche innovante d’urbanisation qui s’oppose au principe bien connu de NIMBY (« Not In My Back Yard »). Contrairement à NIMBY, où les citoyens sont généralement contre le développement dans leurs quartiers, BIMBY encourage une densification intelligente en exploitant les terrains sous-utilisés ou les espaces vides au sein des propriétés existantes, en particulier dans les zones pavillonnaires. Cette stratégie offre une alternative à l’étalement urbain et propose d’utiliser au mieux l’espace disponible dans les zones déjà construites.
BIMBY, potentiel foncier et réponse à l’étalement urbain
BIMBY propose une vision alternative de l’urbanisation. Au lieu de pousser nos villes à s’étendre toujours plus, il encourage à densifier l’existant. C’est un moyen judicieux d’utiliser le potentiel des micro-terrains des lotissements pavillonnaires. Les avantages sont notables : moins d’étalement urbain, valorisation de l’immobilier existant et réponse partielle à la crise du logement.
Des considérations économiques et sociologiques
Au-delà de sa dimension urbaine, BIMBY se présente comme une réponse économique et sociologique. Il offre une opportunité de valorisation financière pour les particuliers et une solution d’aménagement pour les collectivités à moindre coût.
La France compte 19 millions de résidences individuelles, avec un ajout annuel de 200.000 maisons.
Imaginons : si 1% des propriétaires divisaient leur terrain, cela offrirait le potentiel de 190.000 nouvelles habitations, équivalant à notre rythme annuel de construction, tout en évitant la dispersion urbaine. Mieux encore, en divisant 2% des terrains chaque année, le déficit foncier, évalué entre 100.000 et 150.000 logements par an, pourrait être significativement réduit.
Les revers de la médaille : les inconvénients du BIMBY
Si le concept semble prometteur, il ne va pas sans soulever de véritables préoccupations :
- Perte d’espaces verts et biodiversité : la densification peut mener à la réduction des espaces verts, essentiels pour le bien-être et la biodiversité.
- Compromission de la tranquillité : la densification risque d’intensifier les nuisances sonores et de réduire l’intimité des habitants.
- Infrastructure sous pression : la densification accélérée peut mettre à rude épreuve les infrastructures existantes (réseaux d’eau, d’électricité, routes).
- Changement socioculturel : le remodelage des lotissements peut entraîner un bouleversement des dynamiques sociales et culturelles des quartiers concernés.
- Complexité administrative : la division parcellaire et les modifications nécessitent souvent des procédures administratives lourdes.
- Risque d’inégalités : tous les propriétaires ne sont pas également équipés pour tirer parti de BIMBY, ce qui pourrait entraîner des disparités.
- Résistance au changement : tous les habitants peuvent ne pas être en faveur de cette transformation, engendrant des tensions au sein des communautés.
BIMBY : une solution parmi d’autres
S’il est évident que BIMBY offre une perspective intéressante pour repenser l’urbanisation, il est primordial d’en saisir toute la complexité. Cette démarche, bien que prometteuse, requiert une approche mesurée, tenant compte des bénéfices potentiels tout en anticipant les problèmes sous-jacents. La clé réside dans une mise en œuvre réfléchie, en phase avec les aspirations des citoyens et les spécificités des territoires.